Sans complaisances, Ni l’esprit de propagande!
By:Pierre Elie, Maitre en Economie Sociale, NTK contributor

Pour avoir vu évoluer le Premier Ministre Laurent Lamothe, je produis ce texte sans complaisances ni aucunes intentions propagandistes. J’entends tout simplement partager de constats vécus sur le terrain espérant que ces quelques lignes éclaireront des lanternes, replaceront tant soit peu, dans leurs bons contextes des idées reçues ou supercheries à l’endroit du pouvoir que dirige M. Lamothe. Ces quelques opinions sont les miennes et valent ce que ça vaut. Sauf qu’elles émanent d’un esprit éclairé, d’un vieux routard de la bataille politique qui a eu l’opportunité de vivre de près l’évolution de l’actuel gouvernement ; et, mieux encore, qui garde l’indépendance de ses critiques qui ne peuvent pas être trop favorables à l’équipe tèt kalé.

De cette équipe, je conclus qu’elle est volontariste et déterminée à pousser en avant le rouleau compresseur qu’est effectivement devenu ce pays. On peut, à tort ou à raison, qualifier de tous les maux Martelly et Lamothe. Mais, on ne peut, en toute objectivité, ignorer la grande volonté initiale de Martelly. Avant même d’avoir été candidat, Michel Martelly soulevait à haute voix un point sur lequel on est tous d’avis concordant : Haïti n’est pas pauvre, ses ressources sont mal gérées. Seulement cette vision des choses suffit à révéler le for intérieur du chanteur-citoyen qui, devenu Président, s’est attelé à ériger l’ensemble des institutions étatiques en souffrance depuis près d’une décennie. Les premiers actes du Président Martelly n’ont laissé aucun doute de sa grande volonté de camper une administration centrale fondée sur des institutions légalement constituées. Ceux, probablement reprochables, ne sont pas ici répertoriés et analysés.

On ne peut non plus ignorer la formidable détermination du Premier Ministre Lamothe qui, en matière de gouvernance, innove les procédures, inventent les meilleures façons d’adresser une administration publique efficiente, fonctionnelle, transparente, sans cesse orientée vers du concret. Avec Lamothe, sont nés de concepts jadis ignorés de l’administration publique haïtienne, tels: le résultat (des actes administratifs), l’atterrissage (des projets). Lamothe, à chaque conseil de gouvernement, expose au public les démarches des ministres et directeurs généraux. Il met les ministres en face de l’opinion publique afin qu’ils expliquent ce qu’ils planifient de faire ou font de leur administration. A mon humble avis, c’est une formule formidable qui tend à enjoindre au travail les grands commis de l’état, les contraindre à des actions pratiques et concrètes tendant vers l’amélioration de la situation ambiante et à informer le public de la démarche gouvernementale.

Le public, journalistes et directeurs d’opinion, partis politiques et groupes de pression, syndicats et société civile, observateurs avertis etc. aurait dû prendre note des déclarations d’intention, de projets et/ou d’actions gouvernementales citées en conseil de gouvernement; de manière à contrecarrer le gouvernement sur la base même de ses promesses, si celui-ci parvenait à commettre de la négligence, de la paresse ou des omissions. Tel n’est malheureusement pas le cas.

Martelly multiplie les conseils des ministres, Lamothe en fait autant des conseils du Gouvernement sans négliger son entier rôle de Chef du CSPN qu’il réunit hebdomadairement. A la Primature, il érige des organismes utiles qui travaillent d’arrachent pieds afin de produire des résultats:

UCLBP: dont la division logement construit le village de Morne-cabrits qui représente autant faire que se peut, une nouveauté dans la logique d’aide au logement en Haïti. La division Bâtiment Public reconstruit les bâtiments administratifs du centre-ville avec une vision carrément futuriste et moderniste.

OMRH: à entendre parler et à suivre de près le coordonnateur de l’OMRH, office chargé de réformer l’administration publique, on table pour une remise en ordre complète des foutoires et de la pagaille générale que constitue actuellement l’administration haïtienne. Plaise à l’avenir que la flagornerie, le népotisme n’eut raison des efforts énormes déjà consentis en ce sens.

CDES: chargé du développement économique, cet organisme ne fait pas trop entendre parler de ses activités. Toutefois, Il est indéniable que la mise sur pied d’une telle institution appert une démarche éclairée et louable.

CAED: chargé de la coordination de l’aide externe. BMPAD etc. autant d’organismes nouveaux dédiés à des problématiques spécifiques et, qui pis est, soumis à des exigences de résultats concrets et probants. A la tête de ceux-ci, trônent des Haïtiens, des Républicains, des Patriotes qui s’arrachent les cheveux afin « d’atterrir ». Car, avec Lamothe, il faut atterrir… Qu’en dit-on des ministères «travaux publics, tourisme, agriculture, éducation, énergie»? Des efforts gigantismes, Chapo!

Lamothe me parait ce jeune homme ordinaire qui, comme la majorité des haïtiens vivant loin du territoire natal, à force de travailler en dehors d’Haïti, de fréquenter l’étranger, regarde le drame haïtien avec un esprit d’entêtement, convaincu que cela peut se remédier. Débarqué sans expériences politiques au sommet d’un état chaotique, Lamothe travaille du matin jusqu’aux petites heures de l’autre matin, enchainant rencontres après rencontres. Il gambade de chantiers en chantiers, supervise personnellement, opère de visites surprises, parcourt tout le territoire national et participe à tous les forums internationaux où l’intérêt d’Haïti est en discussion.

Le premier ‘Premier Ministre’ technologiquement le plus update de toute l’histoire du pays, pousse ses ministres, cabinet de ministres et directeurs généraux à une évolution technologique vertigineuse ; à tel point que plus d’un s’en plaignent de l’intensité et de l’immensité des œuvres de Lamothe considéré comme un baroudeur prompt, aux rythme et cadences insaisissables, difficile à suivre. Son Logiciel upgrade à une vitesse de 7.0, tandis que la lenteur du logiciel collectif demeure caricaturale. Ce qui l’a amené à changer moult fois de Chef de Cabinet et d’autres collaborateurs incapables de «garder le compas».

Laurent Lamothe, quant à moi, garde encore le bénéfice du doute qu’il soit de bonne foi, désireux de tirer Haïti, son pays, du marasme économique et social pour le placer au niveau de «pays émergent à l’horizon 2030». Je le crois de toute bonne foi. Il s’y emploie, je l’ai constaté.

Toutefois, Lamothe a péché sur une chose : Un an et demi de Premier Ministre, il est resté englué dans la peau de Martelly, il n’a toujours pas tracé la ligne de démarcation entre lui et le Président qui, avouons-le, gagne un estime pudique en dépit de ses nombreuses et remarquables initiatives positives. Ce qui explique l’inextricable accrochement de Lamothe à des programmes exclusivement sociaux, conçus au Palais National, sans pouvoir afficher sa personnalité politique en se démarquant du «martellisme à ailes plombant».

A date, le Premier Ministre laisse l’impression d’un haut fonctionnaire, un technicien sans ambitions, prêt à plonger avec son chef, son employeur, si d’aventure, une telle éventualité devait survenir. Dans une telle posture, il n’initie aucune action politique d’envergure observant indifféremment le fil des événements qui le confortent ou l’emportent. Du reste, l’équipe Martelly/Lamothe, au-delà des petites incongruités d’approche ou de méthode, accomplit un travail de titan qui mérite l’estime et l’appréciation de l’opinion publique. Ceci étant dit, si l’opposition politique haïtienne persiste et signe à leur éviction du pouvoir, si les parlementaires ne leur font plus confiance, ils devront en tirer révérence. Toutefois, le pays en pâtira d’une décision inopinément mal réfléchie. Car, on ne change pas une équipe qui gagne, dit-on.

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Pierre Elie
Maitre en Economie Sociale
Licencié Science Po

Mirebalais, le 7 Octobre 2013

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